Le journal d'une cochonne

71 Mes amis #2

Si je ferme les yeux, je peux presque sentir le goût de l’alcool sur ma langue. La soirée avec mes amis s’est déroulée il y a deux jours, mais je ne suis plus autant habituée à boire qu’avant, et comme nous avons bu des trucs un peu forts (du Whisky entre autre) ça m’a un peu marquée.

Mais pour une fois dans ma vie, je n’était pas saoul au point de faire n’importe quoi. Je me suis maîtrisée ! Je n’aime pas boire comme ça. Quand je bois, je veux que l’ivresse me gagne complètement, au point que je ne comprenne plus rien du tout. Je déteste être pompette.

Ceci-dit, quand je bois comme j’en ai envie, ça donne du grand n’importe quoi, comme la page que j’avais écrite la dernière fois (j’ai été tentée de la supprimer, mais bon, c’est moi aussi et je dois l’accepter).

Nous avons été chez Alina car ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu, Don et moi. On a passé la soirée à boire, à se chamailler, et bien sûr à parler de, deviner quoi ? De sexe ! Enfin, on a surtout plaisanté dessus, en fait. Le copain d’Alina était là, donc ça aurait fait un peu bizarre de vraiment parler de sexualité avec lui.

Pour une raison que j’ignore, chaque fois que je faisais une blague un peu osée, Alina et Don étaient super choqués (amusés aussi, mais choqués surtout). Peut-être que c’est parce qu’ils ne m’ont pas vu depuis longtemps et que l’image de la prude petite moi-même s’est directement ré-instaurée à leurs yeux…

Par exemple, à un moment, Alina s’est renversée de la vodka sur le bras, elle a donc agitée son bras sous le nez de Don et ça a donné ça :

Alina : Don, lèche-moi le bras !

Don : Heu, je suis désolé, mais je ne suis pas le genre de personne qui lèche le bras des autres.

Moi : J’avoue, Ali', c’est un peu crade...

Alina : Hé ben vous êtes méchants avec moi, arrêtez de me juger !

Moi : Ah, mais je te juge pas, tu peux te faire lécher tous ce que tu veux, moi ça me dérange pas !

Et là, j’ai eu à la fois des rires et des regards choqués dans ma direction. Plus tard dans la soirée, il y’a aussi eu ça :

Alina : Don, elle est où la bouteille ?

Don : Je me la suis mise dans les fesses.

Moi : Voilà, et quand c’est Don qui dit ça, bien sûre, personne ne s’offusque, mais si c’est moi vous êtes tous choqués !

Alina : J’avoue ! J’avoue, Don elle a raison !

Le copain d’Alina : C’est parce que pour Don, on sait tous que c’est vrai.

Don : N’importe quoi ! Déjà, pour elle aussi c’est vrai !

J’imagine que tu ne sais pas à quel point, Don.

C’était une chouette soirée, je suis toujours touchée de voir à quel point mes amis, ces deux là en particulier, tiennent vraiment à moi. Ça compense un peu ma famille qui est froide avec moi. Ils se sont même disputé pour savoir avec qui je passerais le nouvel an, et je ne me suis jamais sentit aussi aimée de ma vie, je crois.

En tout début de soirée, Don m’a demandé : "Comment ça va avec ta femme ?" mais je savais très bien qu’il parlait d’Emma, et je n’avais pas envie d’en parler, alors j’ai fait comme si je n’avais pas entendu jusqu’à ce qu’il lâche l’affaire.

Bien sûre, ça va bien avec elle. Il ne se passe rien de spéciale, nous sommes de bonnes amies pour l’instant, c’est tout. C’est déjà pas mal, je ne m’en plains pas pour le moment !

Juste avant d’aller dormir, je me suis allongée de tout mon long sur le lit à deux places que j’ai fait miens. J’étais en étoile de mer, retournée sur le ventre. Quand Don est entré dans la pièce et qu’il m’a vu comme ça, j’ai pudiquement replié mes jambes et je les ai remontées vers moi. Don s’est exclamé : "Hé, tu veux te faire défoncer, toi ?" Il a dit ça dans le sens de "tu cherches les ennuis", comme j’avais pris la meilleure place, mais j’ai détourné sa phrase et j’ai répondu en riant : "Oui !".

Don a juste rit, Lorie aussi, et je me suis sentit bien. C’est chouette d’assumer son côté sexuel. Cet aspect qu’on a tous (ou presque) mais qu’on se cache les uns aux autres.

Le lendemain, en me réveillant, j’ai dis à Don que j’avais fait un drôle de rêve, où il y avait Emma. Dans mon rêve, j’allais au cinéma avec elle. Don avait l’air troublé. Il y a quelques jours aussi, je lui ai dis que je rêvait souvent d’Alina, et je crois qu’il crois que j’ai le béguin pour elle.

*Prend une grande inspiration* d’accord, peut-être que.

Peut-être que, effectivement, j’ai un petit béguin pour Alina. Je ne sais pas.

En tous cas, quand j’ai vu comment son copain l’a traité l’autre jour, ça ne m’a pas plus du tout. Je l’ai trouvé macho, égoïste et désagréable ! Je ne lui ai pas dis, elle n’a pas besoin de recevoir mes critiques sur sa vie de couple, de toute façon. Quand je l’ai dis à ma mère, aujourd’hui, je n’ai pas pu m’empêcher d’ajouter : "En tous cas, si c’était moi qui était en couple avec Alina, je la traiterais bien mieux que ça !"

Ma mère n’a pas répondus. Je crois qu’elle ne me prend pas au sérieux quand je lui dis que je suis bisexuelle. Un jour, elle sera bien obligée de se rendre à l’évidence, surtout qu’en ce moment je me demande très sérieusement si je ne suis pas que lesbienne.

Enfin, en attendant, je dois bien avouer qu’il a l’œil, Don, pour repérer des trucs sur moi même que même moi j’ai du mal à voir.