Le journal d'une cochonne

114 Chaussures à talons

Avant toute chose je m’excuse auprès de ceux qui m’envoient des messages dernièrement et auxquels je ne prends pas la peine de répondre. Je suis désolée, je ne me sens pas d’humeur à discuter en ce moment… Mais je suis toujours touchée par vos messages (voir excitée selon ce que vous m’écrivez ;)) Je vous répond dans ma tête en me promettant de le faire par écrit plus tard et puis… J’oublie ou je ne sais plus quoi dire…

C’est juste que, je n’ai pas envie de parler… Je voudrais un câlin et personne dans mon entourage ne m’en donnera. Personne ne veux coucher avec moi, personne ne veut me câliner, et je ne sais honnêtement pas laquelle de ces deux choses est la plus triste !

Je me sens pathétique. J’ai décidé d’aller m’acheter du chocolat (parce que voilà, quand je suis triste j’ai besoin de masturbation et de chocolat) et quelle idée stupide j’ai eu de sortir mes chaussures à talon du placard pour y aller !

Dire que quand j’avais 16 ans, j’en mettais tous les jours… Ben là j’ai vite déchanté, je n’ai plus l’habitude et ma démarche était ridicule ! Voilà encore un des symboles de la féminité auquel je n’accéderai jamais. J’aimerais tellement pouvoir les porter et être sexy, avoir une démarche fluide et sensuelle, être une femme, une poupée, un mannequin. Il faudrait que je m’entraîne, mais je n’ai pas le temps de m’entraîner à être un sex symbole.

Je ne serai jamais actrice pornographique et, croyez-moi, ça me fait terriblement mal au cœur de me dire ça.

Je sais bien qu'"être une femme", dans le fond sur un plan psychologique ça ne veut rien dire, il n’y a pas de critères stables, pas de cases à cocher pour être définie comme telle… Mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que je ne suis pas une fille comme il faudrait que je le sois.

Cette nuit où j’ai finalement baisée, je me sentais tellement femme… Pendant un moment, j’ai été extrêmement soulagée… Je l’ai remercié une fois que c’était finis, j’ai dit quelque chose comme "Merci d’avoir pris ma virginité, vraiment, merci". Pauvre garçon, je me suis servie de lui, ça aurait pu être n’importe qui, il n’avait rien de spéciale, il a juste su prendre les devants au bon moment et moi j’ai joué les poupées gonflables.

Avec ma démarche instable de petite fille, j’ai croisé un homme qui traînait sur le parking juste avant chez moi… Il ne m’a rien dit, il ne m’a pas interpellé… J’imagine que je n’avais pas spécialement l’air désirable, mais je m’attendais quand même à ce qu’il se jette sur moi, qu’il me lance le fameux "bonsoir" que les hommes lancent généralement pour m’aborder (ça arrive trèèèès rarement, mais ça arrive)...

Mais il ne l’a pas fait, ça m’a en même temps frustrée et soulagée. Sur le coup j’ai pensé "ne me parle pas, ne me parle pas, ne me parle pas"... Mais j’en crevé d’envie ! Bien sûre que je meure d’envie de me faire baiser, d’être une chienne…

Si j’étais plus jolie et moins timide, putain, je passerais mon temps à ne faire que ça. Pourquoi est-ce qu’on ne fait pas que ça tout le temps d’ailleurs ?

Baisez-moi, je veux être sexuelle, je veux n’être rien d’autre qu’un vagin, je veux être une femelle, même si ça me fait peur, j’en ai besoin.