Le journal d'une cochonne

11 Les jours d'après #2

J’étais totalement en train de faire quelque chose qui n’avait rien à voir avec ce qui s’est passé ces jours derniers, et tout d’un coup j’y ai pensé, et je me suis sentie très triste.

Pas à cause du fait que j’ai couché avec un inconnu et tout ça… Non, parce que j’ai repensé à ce moment où j’ai dit à ma mère ce qu’il s’était passé, et je me suis sentis tellement mal, et j’avais si honte. Et je n’ai pas osé lever les yeux pour voir sa réaction… Quand je lui ai demandé après si je l’avais déçue, elle m’a dit que non. Mais je ne suis pas convaincue.

J’ai l’impression d’avoir… Je ne sais pas, j’ai l’impression que tout le monde me juge. Enfin, tous ceux qui sont au courant. Mes amis, ma mère…

Et quand j’étais assise sur mon tabouret, et que j’étais tellement désespérée parce que j’avais honte de ce que j’avais fait et qu’on ne trouvait pas de pharmacie ouverte (c’était dimanche) et que j’ai mis ma tête dans mes mains, j’allais vraiment pleurer, j’aurais eut besoin que ma mère me console. Mais elle ne l’a pas fait. Elle n’a rien dit, pourtant, elle a forcement sentis ma détresse… Est-ce qu’elle ne savait vraiment pas quoi me dire pour me faire me sentir mieux, ou est-ce qu’elle pensait que je l’avais mérité ?

Je ne sais pas, je suis surement paranoïaque, mais j’ai tellement l’impression qu’ils me trouvent… sale…

Il s’est écoulé 4 jours depuis la perte de ma virginité. 4 jours pendants lesquels j’ai vécu de vraies montagnes russes émotionnelles.

Au début je me sentais sale et coupable. Après je me suis dit que ce n’était rien et je me suis sentie soulagée. Il y’a même eut un moment où j’ai été contente, et après je me suis de nouveau sentie dégoûtée et maintenant je suis presque… En colère.

Je suis en colère contre moi-même, mais aussi un peu contre mes amis… (Dans le fond, je fais preuve de beaucoup de mauvaise fois et je sais très bien que je rejette la faute sur eux uniquement parce que ça me déculpabilise, mais ça me fait du bien, alors je ne vais pas m’empêcher de dire ce que je vais dire).

Ils n’ont rien fait pour m’empêcher de faire ce que j’ai fait, et ils savaient très bien que ça arriverait. Ils n’ont pas veillé sur moi. Le lendemain, je me sentais si honteuse… Et ils ne m’ont pas vraiment consolée. Ils m’ont juste dit de "passer à autre chose"... Mais, honnêtement, c’est pas du tout ce que j’avais besoin d’entendre.

Ca m’a même fait encore plus mal de les entendre me dire ça, parce que ça sous-entend que ce que j’ai fais est effectivement mal. Ils ne m’ont pas dit que ce n’était rien, que c’était normal, et ils m’ont encore moins félicité.

Je ne suis pas d’accord. Je n’ai pas envie d’être comme ça. Il y’a quatre jours, je ne savais plus quoi penser, je me sentais sale, coupable, triste, j’avais l’impression que ce que j’avais fait était dégoûtant, et que ce n’était que le reflet de ce que je suis à l’intérieur, ce qui m’amenait à penser que j’étais dégoûtante…

Mais non ! Non ! J’ai changé d’avis ! Personne n’a le droit de dire que ce que j’ai fait est mal. Et je n’ai pas à me sentir coupable d’en avoir eut envie. Et je ne suis pas sale. Je suis comme je suis, j’aime le sexe, et je suis bien comme ça. Et j’ai le droit de vouloir une vie sexuelle, j’ai le droit d’en avoir besoin, et personne ne devrait me blâmer parce que j’avais besoin de faire ce que je fait. J’en avais besoin.

Et une fois passé toute cette phase de honte (causée par mes propres insécurités affective, mais aussi et surtout par mon entourage) je dois dire que je me sens… Je me sens bien. Je me sens délivrée. Je suis désirable. Putain, je le suis. Quelqu’un a couché avec moi, quelqu’un voulait de moi.

Et mes amis, ces connards, ils savaient que j’en avais besoin, mais ils ne m’ont pas félicité. Ils m’ont dit de passer à autre chose. Mais non. Je ne veux pas passer à autre chose, je veux être heureuse de ce qui m’est arrivé ! Je veux voir ça comme le départ vers une nouvelle vie, une vie ou la sexualité ne sera plus solitaire !

Si seulement je pouvais retourner quelques jours en arrière, et serrer la pauvre moi-même qui se sentait si sale et seule et désespérée.

Je lui dirait : "Tu n’as rien fait de mal. Tu as fait ce que tu avais envie de faire. Certes, c’était un peu décevant, mais ce n’est pas ça le problème. Le problème c’est que tu te sens sale d’être toi-même, mais tu ne l’ai pas. Il n’y a rien qui cloche chez toi. Tu aimes le sexe, et tu l’assumes, et tu es merveilleuse à ta manière, et tu ne devrais pas laisser les autres te faire te sentir mal."

Oui, je dirais quelque chose comme ça, je me jette un peu des fleurs, mais c’est ce que j’avais besoin d’entendre. Et je suis tellement en colère contre tout mon entourage parce que personne ne m’a dit ça…

Je ne pense pas faire preuve de mauvaise fois, si j’avais été heureuse immédiatement d’avoir perdus ma virginité, ils m’auraient peut-être félicité, et ils auraient été heureux pour moi… En apparence seulement. J’ai lu entre les lignes pour voir ce qu’ils pensaient vraiment, et je ne crois pas me tromper quand je dit qu’ils me jugent. Ou alors, je suis vraiment paranoïaque. Je suppose qu’on ne le saura jamais.