Le journal d'une cochonne

143 Rose

Je suis en train d’essayer de me calmer, mais je n’y arrive pas. Je crois que j’ai atteins mon breaking point.

Il y a environs une demi heure j’ai dit à Rose que j’allais me coucher, je lui ai écris les quelques lignes habituelles du style "on se voit demain, j’espère que tu vas pas trop t’ennuyer en cours xD je t’aime, je t’aime vraiment vraiment"

Environs cinq minutes après elle a répondu "good night". C’est tout, juste "good night", sans ponctuation, sans coeur, sans rien d’autre. Elle avait jamais fais ça avant. Presque aussitôt, je me suis mise à pleurer. Je crois que j’ai jamais pleurer aussi fort de ma vie. Je pouvais pas m’arrêter. En fait, je pleure toujours, mais je suis un peu plus calme on va dire.

Parce que environs un quart d’heure après, j’ai reçu un autre message qui disait "je veux pas te réveiller mais je veux juste te dire que je t’aime aussi"... Je l’ai lu et je suis restée bouche bée pendant un moment avant de recommencer à pleurer mais plus silencieusement.

Quelques minutes après j’ai reçu un autre message : "je suis désolée si j’ai l’air froide, c’est ce juste que je suis pas vraiment de bonne humeur, mais merci pour tes gentils mots, je te souhaite bonne nuit et on se voit demain"

J’ai répondu : "C’est rien, je comprends :) à demain"

Et ensuite j’ai continué à pleurer un peu jusqu’à maintenant. Et là je me sens vide. J’ai vraiment paniqué, si fortement, putain. Je me disais "c’est fini, c’est fini, on avait quelque chose et je l’ai cassé, je l’ai cassé"... Maintenant je me sens mal d’avoir paniqué pour si peu… On pourra jamais avoir une relation équilibrée si je panique aussi hystériquement à la moindre occasion. Mais en même temps, j’ai pas pu m’en empêcher. Heureusement qu’elle habite si loin et qu’elle ne peut pas voir comment je suis chiante en vraie. Personne ne veut d’une fille qui a des insécurités aussi énorme que les miennes.
Je suis du genre à redemander toutes les deux minutes "est-ce que tu m’aimes ? Tu m’aimes pour de vrai ?". Je le fais pas avec Rose parce que je trouve ça super néfaste. Il y a rien de plus agaçant que quelqu’un qui demande sans cesse des preuves d’affections. N’empêche que je panique pour des détails…

Ça va jamais marcher. Je voudrais vraiment vraiment vraiment que ça marche, mais ça marchera pas. Ça fait tellement mal, mais je dois être lucide. On fait pas marcher une relation amoureuse juste parce qu’on aime quelqu’un. Il y a tellement de chose à prendre en compte et… Je sais qu’on peut travailler sur ce qui ne va pas pour faire fonctionner les choses mais… Je sais pas si on va pouvoir régler les problèmes qu’on a. Les problèmes que j’ai.

J’arrête pas de me dire que peut-être.... Peut-être si ce garçon n’avait pas abusée de moi quand j’étais enfant… Peut-être que si toutes ces choses par rapport au sexe ne m’était pas arrivées aussitôt… Peut-être que j’en serais pas là maintenant ! Peut-être que je serais capable de tisser un lien émotionnel avec les hommes ! Peut-être que je serais capable de vivre ma sexualité autrement que dans un monde virtuel ! Peut-être que la vraie idée du sexe ne me ferait pas aussi peur !

Putain. J’essaye vraiment de me calmer, mais j’y arrive pas.

Okay, okay, ça va… Je crois pas avoir autant pleuré depuis des années…

C’est juste que… Le problème va tellement au-delà de juste Rose et du fait que c’est ma première histoire d’amour. On en revient toujours à ma sexualité. Depuis que j’ai compris que j’étais amoureuse de Rose, j’ai réalisé des choses sur ma sexualité que j’avais jamais réalisé avant.

Ça me donne l’impression que tout ce que j’ai écris avant, c’était faux. Tout. Le désir d’être une pute, l’envie d’une sexualité délurée, tout ça c’était juste une illusion. Je vivais dans le virtuel. Prisonnière d’une bulle où il n’y avait que moi, personne d’autre que moi, où l’Autre était totalement inexistant.

C’était facile de se complaire dans ce rôle de femme libérée tant que ce n’était qu’un fantasme.

Plus ça va, moins on parle de sexe, et moins j’ai l’air d’une "cochonne"... Honnêtement j’en ai plus rien à foutre.

Bon, j’ai enfin arrêté de pleurer et ma tête ma fait super mal… Je suis épuisée… J’aurais dû savoir que ça serait aussi dure d’aimer quelqu’un. C’était déjà dure avec Emma…